Pour le boycott de la Coupe du Monde en Argentine
En 1976, le général Vidéla organise un coup d’état militaire et s’empare du pouvoir. Dès lors, les militaires engagent un combat sans répit aux idéaux de gauche et à toute opposition au régime. Durant l’ère Vidéla, on estime entre 10 000 et 30000 le nombre de personnes assassinées par le régime ou disparues ainsi qu’à 500 000 celui des exilés pour échapper à la répression meurtrière de la junte militaire. Et pourtant, l’Argentine, où sévit alors la loi martiale imposée par Vidéla, organise la onzième édition de la Coupe du monde, ce qui n’est pas sans rappeler l’édition de 1934 de l’Italie fasciste. Le peuple argentin paraît s’être résigné par la violation des droits de l’homme et s’inquiète davantage de la chute de son niveau de vie que de la Coupe du monde.
En Europe, Videla ne laisse pas indifférent et certains joueurs refusent de se rendre en Argentine (les Hollandais Cruyff et Van Hanegem).
En France se crée un Comité pour le boycott de l'organisation par l'Argentine de la Coupe du Monde de football (COBA) qui tente de convaincre joueurs et dirigeants de ne pas se rendre sur le sol argentin. Se manifestant par des affiches, des dessins et autres types d’illustrations, le COBA organise aussi des réunions pour justifier son action en s’appuyant sur des écrits de journalistes argentins par exemple ou d’exilés. Ce mouvement va même jusqu’à tenter d’enlever Michel Hidalgo, le sélectionneur des Bleus, à la veille du départ des tricolores pour l’Argentine afin de faire entendre le message du peuple argentin.
Mais le COBA n’a pas réussi à convaincre le monde du football, aucune nation n’a boycotté l’épreuve.
L’Argentine, après avoir tenté de manipuler le tirage au sort, arrive jusqu’en finale de manière plus ou moins normale (soutenu par un public inconditionnel et des décisions arbitrales parfois très litigieuses) et remporte le trophée face aux Hollandais privés de Cruyff.
Comme Mussolini, Videla, qui avouait en public ne pas aimer le football, donne à la victoire de l’équipe argentine une signification politique en défilant aux côtés des joueurs après s’être servi de la fièvre nationaliste qui montait dans le pays suite aux résultats de l’équipe nationale.
L’appel du COBA a au moins eu un résultat, celui de voir ses messages relayés par les médias et donc d’avoir pu dénoncer devant l’opinion publique internationale le régime de Vidéla.
Laurent Bocquillon
Université de Nice