L'affiche de la finale de Glasgow (1976)
L’affiche de Luigi Castiglioni annonce l’un des événements majeurs de l’histoire du football français : la finale de la Coupe d’Europe des clubs champions entre l’AS Saint-?tienne et le Bayern de Munich disputée le 12 mai 1976.
Pour cet événement, il est fait appel à l’un des plus fameux affichistes du moment. Luigi Castiglioni est né le 20 novembre 1936 à Milan. Diplômé de l’Académie des Beaux-Arts de Brera en 1957, il commence sa carrière comme décorateur de théâtre à la Scala de Milan puis dans les studios de cinéma de Cinecittà avant de s’installer à Paris où il travaille pour L’Express et Le Point comme illustrateur de presse.
Le sport tient une large place dans son travail d’affichiste où se mêlent le plus souvent hyperréalisme et surréalisme. Sa première affiche sportive est réalisée en 1972 pour le combat de boxe entre Carlos Manzon et Jean-Claude Bouttier. Cette affiche rencontre un grand succès et inaugure toute une série sur le « noble art ».
Anciens joueurs en catégorie poussin de l’Inter de Milan, entre 1946 et 1948, Luigi Castiglioni ne pouvait rester insensible au football. Ainsi considère-t-il « lorsque qu’un artiste a pratiqué un sport, il conçoit une affiche sportive plus aisément ». De fait, il n’est guère étonnant que ses affiches sur le football mettent systématiquement en leur centre le ballon, considéré plus que les joueurs, le plus souvent absent de ses représentations, comme le centre de ce jeu. En outre, l’artiste souligne son souci de « mettre en évidence la symbolique du sport ».
Pour la finale de Glasgow, il perçoit nettement l’enjeu du match bien au-delà de la confrontation entre deux clubs en faisant figurer le drapeau des deux pays qu’ils représentent. Sur cette affiche, le match Saint-?tienne –Bayern de Munich met en jeu le rapport de force entre la France et l’Allemagne. Certes, les deux pays sont en 1976 largement engagés dans un processus de rapprochement favorisé par la construction européenne, mais cette affiche participe à maintenir dans l’imaginaire collectif l’antagonisme et entretient la fibre mémorielle.
La défaite des « Verts » et les regrets qui l’accompagnent (les fameux poteaux carrés) contribuent à alimenter la mythologie des rapports franco-allemands qui trouvera un nouveau rebond en 1982 à Séville.
Stéphane Mourlane
Université de Nice