Histoire du football f?minin en Europe
Xavier Breuil, Histoire du football féminin en Europe, Paris, nouveau monde éditions, 2011
Malgré leur défaite (1-2) en match de classement face à la Suède lors de la dernière Coupe du monde féminine organisée en Allemagne, les Bleues ont rappelé aux Français que le football pouvait aussi être un jeu collectif et fair-play. Le quart de finale remporté contre l’Angleterre a tenu en haleine plus de 3,3 millions de téléspectateurs et téléspectatrices dans l’Hexagone !
Raison de plus de se plonger dans l’excellent livre de Xavier Breuil sur l’histoire du football féminin en Europe. Le titre est en lui-même un peu restrictif puisque l’auteur – membre de WeAreFootball – évoque aussi dans ce livre les footballs féminins nord-américains et asiatiques. Puisant aux meilleures sources (notamment les archives de la FIFA et de nombreuses fédérations nationales dont la Football Association), Xavier Breuil retrace l’invention de cet autre football qu’est le Ladies puis Women’s football.
On a souvent oublié son ancienneté. Les premiers matchs « internationaux » disputés par l’Angleterre, la Belgique ou la France ont en effet lieu au lendemain de la Première Guerre mondiale. Munitionnettes des usines d’armement et jeunes femmes émancipées constituent les premiers effectifs des équipes et clubs féminins. Mais bien vite, les dirigeants masculins – notamment en Angleterre – mettent le holà à ce premier football des femmes. Il faut attendre les années 1960 pour que le football féminin reprenne vraiment et d’abord dans les pays scandinaves et aux Etats-Unis.
Pour Xavier Breuil, en effet, le développement du football féminin tient essentiellement à deux facteurs nationaux : l’importance et le développement du football et l’insertion des femmes dans la vie politique d’un pays. Les succès des Américaines, Allemandes, Norvégiennes et autres Suédoises attestent du bien-fondé de cette thèse, sans que l’auteur ne néglige d’autres facteurs qui ont trait, cette fois, à la géopolitique avec un grand G. En effet, si la Chine populaire s’est engagée dans le football féminin et y a obtenu de bons résultats (finaliste de la CM en 1999), c’est d’abord pour contrer les initiatives de la fédération de Taïwan dans ce domaine ! C’est d’ailleurs sur la géopolitique particulière du ballon rond au féminin que Xavier Breuil termine un livre écrit et publié avant la Coupe du monde 2011. Pour lui, la hiérarchie du football féminin commence à évoluer et le football féminin ne se résume plus à un duel entre les Etats-Unis et les nations de l’Europe du Nord. Bien vu si l’on regarde le palmarès de la Coupe du monde : victoire des Japonaises et quatrième place des Bleues.
Paul Dietschy, université de Franche-Comté